La Chambre d’écho

La Chambre d’écho Le Seuil / « Points » n° 1062

Dit par l’auteur

L’avis de l’éditeur
Natacha n’a connu que Ferenc. Il tombe très gravement malade, et, n’acceptant pas sa déchéance, choisit alors de s’isoler, de disparaître. Pour elle, une étrange torture commence : car la maladie de son homme n’a rien modifié au désir qu’elle a de lui. Mais Ferenc se cache, et il lui impose de vivre désormais leur amour à travers le téléphone, leur « chambre d’écho ».
La passion charnelle, l’innocence et la cruauté sont une nouvelle fois au cœur de l’art diabolique de Régine Detambel, qui parvient ici à sa maturité.
« Elle lui manquait, l’ombre de son sexe sur les draps, le dimanche matin. Alors, entre deux coups de fil imprévisibles de Ferenc, Natacha prenait des amants. Dès la première nuit, quand elle s’éveilla, tout environnée des relents d’un homme inconnu, elle comprit qu’une femme subitement seule, même à vingt-huit ans, est en quelque sorte une adolescente qui doit découvrir son corps. Pour retraverser la nuit totale et la barrière épaisse qui protègent la connaissance que chacun possède de son désir et de son appétit sexuel, elle devra repasser par les mêmes affres que les fillettes. Pire encore, peut-être. »

Du côté de l’auteur
La Chambre d’écho me portait depuis plus de dix ans. J’avais envie d’écrire une histoire d’amour virtuelle. J’ai toujours été fascinée par la voix, donc par les histoires d’amour au téléphone (j’en ai vécues d’extraordinaires). Au fond, le support technologique importe peu, le noyau est toujours le même : en l’absence de chair, c’est la voix, la webcam, la pellicule, le pixel ou l’écriture qui prennent en charge toute la sensualité, et le sexe. Moi, j’ai choisi l’écriture et la voix. La Chambre d’écho est un hymne à la voix (voix au téléphone, voix sur le divan, etc.), qui fait partie du corps, qui est même une version très impalpable et extraordinaire du corps. Je suis fascinée par le corps. Je n’ai cessé d’écrire sur le corps : dans Le Ventilateur, dans Blasons d’un corps enfantin, dans La Ligne âpre même, où je raconte la poétique de nos os. Quel mystère que la corporalité de la voix !

Ferenc et Natacha forment un très jeune couple. Lui est condamné par la maladie. Il quitte Natacha sans laisser d’adresse pour consacrer désormais son existence à son étrange et impitoyable maîtresse : la maladie. S’il ne veut plus revoir sa femme, il se réserve tout de même le droit quasi seigneurial de lui téléphoner quand il le désire, lui. Du coup, il la soumet, il la réduit en esclavage par la sonnerie du téléphone. Relation ombilicale. Il leur paraîtra peu à peu inconcevable de raccrocher le téléphone. Ils vivent ensemble, par combiné interposé. Ils s’émerveillent. Chaque nuit, ils se possèdent par la voix. Mais cette relation régressive, trop fusionnelle, est étouffante pour Natacha.

J’ai tenu à revivre, presque heure par heure, la dépendance, la souffrance de la solitude chez une adulte sidérée par un coup dur. A vingt-huit ans, Natacha, qui n’avait connu que Ferenc, va prendre des amants. Elle repassera par les mêmes affres que les adolescentes, mais luttera, pied à pied, au moyen d’une psychothérapie. Parallèlement elle reprend ses études aux Beaux-Arts, expose et réussit où Ferenc avait échoué par paresse, par timidité ou par peur de gagner.
 Comment se libérer des chaînes du couple ou de la famille quand on se sait appelée à une carrière artistique ?
Deviens ce que tu es ! Voilà le message enthousiaste que je souhaite transmettre à mes lecteurs.

La Chambre d’écho , qui met en scène une jeune plasticienne, correspond à l’ouverture de ma propre période picturale. En effet, pendant que j’écrivais ce roman, j’ai commencé une œuvre plastique à base de lavis d’encre de Chine. C’était pour moi une expérience complémentaire de l’écriture et d’autant plus nécessaire que le manuscrit s’est fait virtuel, simple fichier de quelques centaines d’octets… Le texte est ce qui pèse le moins lourd dans nos disques durs !

Published : 2021-08-24
ISBN : 9782020509114
Prix : 13.60 €